17

 

Il leur a fallu presque une demi-heure pour me tirer de là. Le cratère n’était pas assez large pour la carrure d’un soldat, encore moins pour celle du colonel Jenkins. Mon petit saut a surtout eu pour résultat de le rendre complètement fou de rage, d’ailleurs.

Ne serait-ce qu’à cause de cela, ça valait le coup, et je n’ai rien regretté.

Je suis donc restée assise, bien pépère, à les écouter se creuser les méninges afin de trouver une façon de me récupérer. Finalement, quelqu’un est allé acheter une scie électrique chez Sears, et ils ont découpé un gros trou dans le flanc du volcan. Quand ils m’ont hissée, les badauds ont applaudi, l’air de croire que tout cela avait été un numéro destiné à leur seul plaisir.

Les Agents Spéciaux Johnson et Smith étaient présents à ma sortie. Tout dans leur attitude laissait supposer que mon départ en douce de la base constituait un camouflet personnel que je leur aurais infligé. Je m’en suis défendue comme une diablesse.

— Je vous ai écrit un mot ! ai-je insisté, une fois dans la voiture noire du gouvernement (fenêtres teintées, s’il vous plaît !) qui nous ramenait à Crâne, les deux agents du FBI devant, Sean et moi derrière.

— En effet, a acquiescé l’Agent Spécial Smith, mais vous avez emporté plusieurs choses qui nous ont induits à croire que vous comptiez nous fausser définitivement compagnie.

— Lesquelles ?

Elle a brandi le livre de photos qu’ils m’avaient apporté la veille dans l’espoir que je localiserais quelques mauvais sujets. Elle l’avait tiré de mon sac à dos, confisqué sitôt mon sauvetage accompli.

— Je voulais seulement le montrer à quelqu’un, ai-je protesté avec sincérité.

En effet, j’avais eu l’idée – avant que Sean ne me traite de dauphin – de porter l’album à Michael. Je comptais sur ses talents informatiques pour trouver qui étaient ces types. Via l’Internet, ou autrement, que sais-je ? Je souhaitais m’assurer qu’il s’agissait bien de criminels, et pas de quelque innocent avocat, tel Will Smith dans Ennemi d’État. Une idée pas très maligne, d’accord. Depuis, Sean m’avait appris quelques petits trucs, et j’avais eu le temps de réfléchir.

— J’avais bien l’intention de le rapporter, ai-je précisé.

— Vraiment ?

L’Agent Spécial Smith s’est retournée pour me regarder. Elle paraissait extrêmement déçue. Il était clair que, pour elle, je n’étais plus digne d’intégrer jamais le FBI.

— Par ailleurs, a-t-elle enchaîné, si vous souhaitiez rentrer à la base, pourquoi avoir pris ça aussi ?

Sur ce, elle a extrait ma flûte de mon sac. Crotte de bique ! Elle me tenait, là.

— Lorsque j’ai constaté qu’elle avait disparu de votre chambre, a-t-elle raisonné, faisant montre des remarquables capacités cognitives qui lui avaient valu son statut d’Agent Spécial, j’ai compris que vous ne reviendriez pas, en dépit de votre message et du billet aller-retour que vous aviez acheté.

— C’est comme ça que vous avez su que j’étais à Paoli ? ai-je demandé. A cause du ticket de bus ?

Je désirais réellement apprendre quelles fautes j’avais commises. Juste au cas où il devrait y avoir une prochaine fois, vous comprenez.

— Oui. L’employée de la gare routière vous a reconnue.

À ma grande déception, l’Agent Spécial Johnson respectait scrupuleusement les limitations de vitesse. Écœurant. Même les camions nous doublaient ! Excepté la file de véhicules qui nous suivaient, transportant le colonel Jenkins et ses hommes, nous étions la voiture la plus lente de la quatre voies, d’ailleurs.

— Vous n’êtes plus franchement une citoyenne lambda, mademoiselle Mastriani, a continué l’Agent Spécial Smith. Pas après que votre portrait a fait la une du Time Magazine.

— Tout ce ramdam pour moi, c’est assez inutile, vous savez, ai-je objecté en montrant notre escorte.

— Vous étiez en possession de données classées top secret, a précisé l’Agent Spécial Johnson en désignant le livre de photos. Nous voulions être sûrs de les récupérer.

— Bon, ben maintenant que c’est chose faite, vous allez me laisser partir, non ?

— Il ne nous appartient pas d’en décider, m’a-t-il annoncé.

— Qui décide, alors ?

— Nos supérieurs.

— L’homme à la cigarette[36] ?

Ils se sont dévisagés, éberlués.

— Qui ?

— Laissez tomber. Écoutez, vous n’avez qu’à dire à vos supérieurs que je démissionne.

L’Agent Spécial Smith m’a contemplée. Ce jour-là, ses boucles d’oreilles étaient deux petits diamants.

— Vous ne pouvez pas démissionner, Jess, m’a-t-elle annoncé tout de go.

— Pourquoi ça ?

— Parce que vous êtes douée d’un don extraordinaire. Il est de votre devoir d’en faire profiter le reste du monde. Je ne sais pas ce qui vous prend, tout à coup, a-t-elle ajouté en secouant la tête. Hier, vous paraissiez parfaitement satisfaite de notre arrangement. Pourquoi cette brusque envie de partir ?

J’ai haussé les épaules. Je vous jure que Claire Lippman aurait bavé d’envie devant mes soudains talents d’actrice.

— La maison me manque, ai-je pépié en battant des cils.

— Hum ! a grommelé l’Agent Spécial Johnson. Je pensais que si vous aviez changé d’avis et accepté notre proposition c’était justement parce que vous vous inquiétiez pour les vôtres et souhaitiez leur éviter d’être ennuyés par les médias. Je croyais que vous aviez estimé que seul votre départ de la maison leur donnerait la tranquillité à laquelle ils aspirent.

J’ai avalé ma salive.

— Oui. Mais c’était avant que la maison me manque.

— Votre frère Douglas vient à peine de sortir de l’hôpital, est intervenue l’Agent Spécial Smith. Si vous rentriez chez vous maintenant, il risquerait de devoir y retourner tout de suite. Toutes ces caméras, ces flashs, ces cris – ça l’a vraiment secoué.

C’était ce qui s’appelle un coup bas. Mes yeux se sont mouillés de larmes, et j’ai sérieusement envisagé de me jeter hors de la voiture – nous ne roulions pas assez vite pour que je me blesse – et de me sauver. Malheureusement, elles étaient verrouillées, et le bouton déclenchant les serrures n’avait pas l’air de fonctionner. Les commandes se trouvaient à l’avant, près de l’Agent Spécial Johnson.

Et puis, je devais aussi m’occuper de Sean.

L’Agent Spécial Smith continuait son petit discours sur mon sens des responsabilités.

— Je suis donc censée aider à livrer les méchants aux mains de la justice ? l’ai-je interrompue, histoire de clarifier les choses.

— Oui. Et à réunir les gens comme Sean avec ceux qui les aiment.

Le môme et moi avons échangé un coup d’œil.

— Hé, les mecs, a-t-il lancé, ça vous arrive de lire le journal ? Mon père est un connard.

(Excusez son langage.)

— Es-tu vraiment bien sûr de le connaître ? a objecté l’Agent Spécial Smith d’une voix apaisante. Si j’ai bien compris, ta mère t’a enlevé alors que tu n’avais que six ans.

— Ouais. Parce qu’il m’avait cassé le bras, un soir où je n’avais pas rangé tous mes jouets.

— La vache ! me suis-je exclamée. C’est Dark Vador, ou quoi ?

— En moins sympa.

— Bravo ! ai-je craché aux deux agents du FBI. Vous êtes sûrement très fiers de vous. Livrer ce petit gars au seigneur noir de Sith.

— Dis donc, toi ! a protesté Sean. Je ne suis pas petit !

— M. O’Hanahan a été reconnu apte à assurer la garde de son fils par la cour de l’État de l’Illinois, a souligné l’Agent Spécial Smith, les lèvres pincées.

— L’esclavage aussi était légal dans l’Illinois, avant, a rétorqué le gamin. Ça ne signifie pas pour autant que c’était bien.

— Un tribunal peut se tromper, ai-je renchéri.

— Et comment ! a précisé Sean.

Je suis à peu près certaine d’avoir été la seule à remarquer que sa voix tremblait. Je lui ai pris la main et l’ai tenue tout le reste du voyage. Même si elle était un peu moite. Après tout, j’étais entièrement responsable de la situation, non ?

Une fois à Crâne, ils nous ont séparés. Sean s’étant déjà fait la belle, j’imagine qu’ils voulaient prendre toutes les précautions pour qu’il ne recommence pas. Comme son père ne devait pas venir le chercher avant le lendemain, ils l’ont bouclé à l’infirmerie.

Je ne rigole pas.

Je suppose qu’ils ont choisi l’infirmerie et pas le trou, là où ils jettent les vilains soldats, pour éviter qu’on ne les accuse ensuite de l’avoir retenu de force. En mettant l’infirmerie à sa disposition, ils pouvaient prétendre qu’ils s’étaient juste souciés de son bien-être.

Sauf qu’elle ressemblait drôlement à une cellule. Les quatre fenêtres étaient grillagées, sans doute pour empêcher qu’on n’y vole des médicaments – elle était située au rez-de-chaussée. Je savais de ma première journée sur place à subir mes examens que les armoires renfermant les trucs marrants comme les stéthoscopes et les seringues hypodermiques étaient fermées à clé, et que les magazines étaient périmés depuis des lustres. Sean n’allait pas s’amuser. Sans compter qu’il n’aurait pas de quoi s’occuper l’esprit pour oublier l’arrivée imminente de son paternel.

Moi, ils m’ont emprisonnée dans mon ancienne chambre. Sans charre. Je me suis retrouvée exactement à l’endroit d’où j’étais partie le matin même, à la notable différence que la porte était verrouillée de l’extérieur, et que le téléphone, bizarrement, ne fonctionnait plus. Qu’est-ce qu’ils croyaient ? Que j’allais alerter la police ? Genre :

— Monsieur l’agent, je suis détenue sur la base militaire de Crâne ! À l’aide, monsieur l’agent !

— Qu’est-ce que vous racontez, jeune fille ? Crâne est fermée depuis des années !

Plus de téléphone donc, et plus de piscine. J’étais enfermée à double tour. Marco Polo est bouclé pour la nuit. Je répète, Marco Polo est bouclé pour la nuit.

Enfin, c’est ce qu’ils croyaient. Sauf que.

Prenez une ado – sage à la base, bien qu’un peu prompte à jouer des poings – et obligez-la à rester assise une heure par jour après les cours avec d’autres ados beaucoup moins sages. Même si vous lui interdisez de communiquer, elle ne pourra s’empêcher d’apprendre quelques petits trucs. Des ficelles que vous ne souhaitiez pas forcément que cette ado sage apprenne. Comme, par exemple, mettre le feu dans les toilettes des dames d’une gare routière. Ou crocheter une serrure. Ce qui est beaucoup plus facile que ce qu’estime le commun des mortels. Tout dépend du verrou. Celui de ma chambre n’était pas très solide. J’ai réussi à en venir à bout avec la cartouche d’encre d’un stylo-bille.

Écoutez, ce n’est vraiment pas ma faute. Il arrive qu’on ramasse des choses çà et là, au hasard de l’existence.

Ils m’ont chopée tout de suite. La vache, qu’est-ce qu’il était furax, le colonel Jenkins ! Mais pas autant que l’Agent Spécial Johnson. Celui-là m’avait dans le nez depuis le jour où j’avais cassé celui de son équipier Cette fois, j’avais vraiment poussé le bouchon un peu loin. Ils en avaient soupé, de moi, et ils avaient bien l’intention de me jeter dans un cul-de-basse-fosse.

Le Dr Shifton m’a défendue. Je l’ai entendue plaider que j’avais visiblement un problème avec l’autorité, et qu’ils adoptaient de mauvaises solutions. Je finirais par me plier à leur volonté. Le tout était de me convaincre que l’idée venait de moi. Le colonel Jenkins n’a pas tellement apprécié.

— Sacré nom de Dieu de nom de Dieu, Helen ! a-t-il beuglé. Elle sait où trouver chacun des types dont nous lui avons montré la photo. Je l’ai vu dans ses yeux. Que voulez-vous que nous fassions ? Que nous attendions qu’elle soit d’humeur à nous parler ?

— Oui, a répondu le Dr Shifton, c’est exactement ce que je propose.

Je l’ai appréciée pour ça. De toute façon, je n’avais pas la moindre idée de l’endroit où étaient tous ces types.

Juste la majorité d’entre eux.

Si j’ai tout entendu, c’est parce que le bureau du Dr Shifton est situé juste à côté de l’infirmerie, et que c’était là qu’ils m’avaient collée après ma deuxième tentative d’évasion. Avec Sean.

Comme par hasard, c’était ce que j’avais désiré.

Pas la peine de sauter aux conclusions – je n’avais aucun plan. Je m’étais seulement dit que le môme avait besoin de moi.

Qu’il n’ait pas semblé partager cet avis est hors sujet.

— Qu’est-ce que tu fiches ici ? a-t-il maugréé en me fixant d’un œil noir depuis le lit où il était couché.

Sur un ton laissant suggérer qu’il n’était pas particulièrement heureux de me revoir.

— Je zone.

— Mon père sera là demain matin, m’a-t-il annoncé, le visage fermé et tout blanc (sauf les taches de rousseur). Il n’a pas pu arriver ce soir, à cause d’un conseil d’administration. Mais il aura droit à une escorte policière dès qu’il sera prêt à partir. C’est bien lui, ça, a-t-il ajouté en secouant la tête, dépité. Le boulot avant tout. Et attention à toi si tu te mets sur son chemin.

— Sean, ai-je murmuré, je t’ai promis de réparer ça. Un peu de confiance, que diable !

— Et comment comptes-tu t’y prendre ? a-t-il riposté en contemplant la porte verrouillée.

— Je n’en sais encore rien, mais ça va venir. Juré.

— Mais oui bien sûr, a-t-il soupiré.

Le scepticisme du malappris a renforcé ma détermination.

Les heures se sont écoulées. Personne n’est passé nous voir, pas même le Dr Shifton. Nous avons tué le temps en imaginant de quelle façon filer, en écoutant la radio et en remplissant de vieilles grilles de mots croisés.

Enfin, vers dix-huit heures, la porte s’est ouverte, et l’Agent Spécial Smith est entrée, portant deux sacs de chez McDo. Mes jours de bombance étaient terminés, apparemment. Ça m’était égal. L’odeur de ces frites m’a donné l’eau à la bouche, et mon estomac a grondé bruyamment. Je n’avais rien avalé depuis le matin.

— Salut ! a lancé l’Agent Spécial Smith avec un sourire désabusé. Je vous ai apporté à manger. Ça va ?

— Très bien, si l’on omet le fait que nos droits constitutionnels sont bafoués, ai-je rétorqué aussi sec.

De désabusé, le sourire de l’Agent Spécial Smith est devenu forcé. Elle a déposé notre dîner sur l’un des lits. Des doubles cheeseburgers. Pas mes préférés, mais c’était la grande taille.

Sean a littéralement gobé son premier hamburger. Pour ma part, je reconnais m’être empiffrée de frites plus que la raison ne le voudrait. Pendant que je bâfrais, l’Agent Spécial Smith, ignorant complètement Sean, a tenté de me raisonner. Le Dr Shifton avait dû la briefer.

— Vous avez un don vraiment très spécial, Jess. Ce serait une honte de le gâcher. Nous avons désespérément besoin de votre aide. Vous ne voulez donc pas rendre ce monde meilleur et plus sûr pour les enfants comme vous ?

— Si. Mais je n’ai pas envie d’être un dauphin.

— Un quoi ? a-t-elle répondu en plissant son joli front.       Je lui ai donc expliqué la théorie des dauphins, tandis que Sean nous regardait en mâchant, silencieux. Je lui avais donné l’un de mes hamburgers. Pourtant, trois semblaient à peine l’avoir rassasié.

Pour un aussi petit garçon, il avait un appétit d’une férocité alarmante.

— C’est la première fois que j’entends cette histoire, a fini par marmonner l’Agent Spécial Smith, l’air perplexe. Je sais qu’ils ont utilisé des bergers allemands pour des missions similaires pendant la Première Guerre mondiale…

— Bergers allemands ou dauphins, peu importe, l’ai-je interrompue. Je refuse d’être manipulée.

— Jess, votre pouvoir…

— Stop ! Je ne plaisante pas. Ne dites rien. Je ne veux plus en entendre parler. Ce talent dont vous ne cessez de me rebattre les oreilles ne m’a causé que des ennuis. Il a déboussolé mon frère qui s’en était pourtant sorti, il a mis la mère de ce petit gars en prison…

— Hé ! a protesté Sean, indigné. Je ne suis pas petit.

J’avais oublié ses objections quant à l’usage de cet adjectif à son égard.

— Jess, a repris l’Agent Spécial Smith en récupérant les emballages de notre repas, soyez raisonnable. Je suis très triste pour la mère de Sean, mais reconnaissez qu’elle a enfreint la loi. Quant à votre frère, vous ne pouvez tout laisser tomber sous prétexte d’une rechute. Essayez de prendre un peu de distance…

— Pardon ? me suis-je insurgée. Agent Spécial Smith, ai-je martelé, penchée en avant, en détachant soigneusement chaque mot, j’ai été frappée par la foudre. Depuis, lorsque je dors, je rêve de personnes disparues et, au réveil, je sais où elles se trouvent. Tout à coup, le gouvernement américain veut se servir de moi comme d’une espèce d’arme secrète pour attraper des fugitifs. Et vous estimez que je devrais prendre de la distance ?

— Ce que vous appelez dauphin, la plupart des Américains l’appelleraient héros, a-t-elle rétorqué, agacée. Je ne suis pas venue ici pour me disputer avec vous, a-t-elle continué en fourrant les emballages dans la poubelle, mais pour vous rapporter ceci.

Elle m’a tendu mon sac à dos. Si, naturellement, l’album de photos n’y était plus, ma flûte, en revanche, était bien là. Je l’ai serrée contre moi.

— Merci.

Étrangement, le geste m’a touchée. Ne me demandez pas pourquoi. C’était ma flûte ! J’ai craint un instant d’être atteinte de ce syndrome qui frappe les otages ; vous savez, quand ils commencent à sympathiser avec leurs ravisseurs.

— Je vous aime bien, Jess, a conclu l’Agent Spécial Smith, et je souhaite vraiment que vous réfléchissiez à ce que je viens de vous dire. Parce que, voyez-vous, je pense que vous feriez un formidable agent du FBI, un jour.

— Ah bon ?

Voilà qui était sûrement un sacré compliment.

— Oui. Bien, je vous laisse. Je repasserai peut-être un peu plus tard.

— C’est ça, a grommelé Sean, à plus.

Elle est sortie, en prenant soin de verrouiller la porte derrière elle. La serrure de l’infirmerie était de celles que même ma connaissance étendue du sujet n’aurait été capable de vaincre.

Ce qui n’avait aucune importance. L’Agent Spécial Smith avait eu raison d’affirmer que je serais une parfaite recrue pour le FBI.

Profitant du moment où elle avait jeté les emballages de notre dîner, j’avais discrètement fouillé son sac et subtilisé son téléphone portable.

Je l’ai montré à Sean.

— Franchement, reconnais que je suis une pro, me suis-je exclamée. Une vraie pro !